Tribune libre du président du CSBA

Le président de l'ACBA, Laurie French, a rédigé une lettre d'opinion concernant la décision du gouvernement provincial du Manitoba d'éliminer les conseils d'administration démocratiquement élus.

L'Association canadienne des commissions/conseils scolaires est très préoccupée par la décision du gouvernement provincial du Manitoba d'éliminer les commissions scolaires démocratiquement élues. Cette décision aura pour effet de priver le public de son droit de parole dans le système d'éducation publique et n'améliorera pas les résultats des élèves. Les dirigeants syndicaux et les administrateurs scolaires des provinces où des changements similaires ont été apportés ces dernières années ont parlé de la perte de participation aux décisions clés, de la perte des voix des minorités noires et autochtones, et du manque d'informations disponibles pour les parents et les communautés, et il est insensé de perpétuer cette orientation.

Le rapport sur l'éducation préparé pour le gouvernement provincial souligne de nombreux impératifs, dont beaucoup partagent les priorités des conseils d'établissement. Les conseils d'établissement s'engagent à favoriser l'apprentissage et la croissance de tous les élèves dans toutes les communautés. Les impératifs identifiés dans le rapport abordent des questions telles que le renforcement des capacités des éducateurs, l'augmentation du leadership scolaire, l'amélioration de l'engagement et du bien-être des élèves, et la réduction de l'écart de rendement entre les élèves autochtones et non autochtones. Il s'agit de sujets que les conseils d'établissement du Manitoba ont identifiés et qu'ils se sont efforcés de traiter avec le personnel du système scolaire et le gouvernement, démontrant ainsi leur capacité à mettre en œuvre des changements positifs. Il n'y a aucune preuve de la façon dont le modèle proposé permettra d'atteindre ces objectifs. En fait, les changements proposés élimineront la forte voix actuelle des conseillers autochtones et les relations de travail entre les communautés locales et les conseils scolaires, ainsi que l'association provinciale.

Dans les juridictions où le gouvernement a supprimé les conseils scolaires élus démocratiquement dans la langue de la majorité pour centraliser le contrôle de l'éducation publique, nous n'avons guère constaté d'avantages significatifs pour les élèves, les familles et les communautés. Les conseils consultatifs d'établissement sont souvent présentés comme une alternative viable aux conseils d'administration des établissements scolaires, car ils se déchargent de la responsabilité de rendre des comptes au-delà de l'école, alors que le rôle des conseils consultatifs d'établissement n'inclut pas l'élaboration de politiques et de procédures visant à répondre aux besoins des communautés et des élèves. Les conseils consultatifs scolaires jouent un rôle important en conseillant l'administration de l'école locale. Cependant, ils ne fonctionnent pas au niveau de la politique du système et peuvent donner un faux sentiment d'influence aux familles et aux communautés sans avoir d'impact concret sur les décisions de gouvernance pour refléter les besoins des élèves locaux. Certains membres du SAC ont déclaré qu'ils s'étaient portés volontaires pour soutenir leur école locale, et non pour se substituer à la responsabilité des conseils d'établissement démocratiquement élus. Les administrateurs sont déjà surchargés pour assumer ce travail communautaire. 

Les communautés et les populations déjà menacées sont celles qui ont le plus à perdre dans un système centralisé dépourvu d'autorité locale authentique. Pour donner un exemple concret, les conseils scolaires démocratiquement élus en Nouvelle-Écosse comprenaient des administrateurs afro-néo-écossais et des administrateurs micmacs dévoués. Lorsque les conseils scolaires ont été supprimés, ces voix politiques ont disparu. Le transfert de leur rôle à des conseils consultatifs nommés, dotés d'une autorité limitée ou inexistante, a marginalisé leur voix dans l'éducation de leurs enfants et de leurs jeunes. Comme l'explique Niigaan Sinclair, éducateur, dirigeant et chroniqueur anishinaabe dans son récent article, Le projet de loi 64 du gouvernement manitobain, la loi sur la modernisation de l'éducation, constitue un recul de 100 % pour l'éducation autochtone.: "Ce projet de loi revient en arrière en cherchant à revenir à la même idéologie politique et culturelle descendante et centralisée qui a conduit aux problèmes auxquels les apprenants indigènes sont confrontés dans le système actuel. Il menace également d'annuler tout ce qui a été couronné de succès, comme l'amélioration récente des taux d'obtention de diplômes et un apprentissage plus axé sur la culture." (19 mars 2021, Winnipeg Free Press). Cette loi fait peser de graves risques sur les communautés rurales du Manitoba en centralisant la prise de décision sur des questions vitales telles que la fermeture de petites écoles et la suppression des limites imposées aux heures de passage des bus scolaires. 

En tant qu'association, nous soutenons pleinement la révision et la réforme de l'éducation, à condition qu'elles soient fondées sur la recherche et qu'elles répondent aux besoins de tous les étudiants et de diverses communautés. Le rapport, La réussite de nos enfants : L'avenir du Manitoba décrit clairement les améliorations nécessaires et comprend un examen approfondi et une revitalisation des conseils scolaires qui sont tout à fait réalisables dans le cadre d'un partenariat. Ce modèle de collaboration a fait ses preuves entre le ministère et les conseils scolaires dans des régions du pays désireuses de travailler en véritable collaboration. Nous applaudissons à l'objectif d'améliorer le rendement des élèves et de combler les écarts entre certaines populations. Cependant, le gouvernement du Manitoba ignore complètement les recommandations des commissions d'examen K-12 en ce qui concerne la gouvernance et la démocratie locale.

Nous demandons aux Manitobains d'exhorter leur gouvernement provincial à reconsidérer sa décision et à réviser le projet de loi 64 pour y inclure une revitalisation réfléchie des conseils scolaires démocratiquement élus. Comme le suggère le rapport, il existe des modèles de gouvernance et des soutiens au développement professionnel qui permettront de renforcer les conseils d'administration et le rôle qu'ils jouent pour garantir des systèmes publics responsables et transparents. Le ministère serait bien avisé de travailler en partenariat pour renforcer l'engagement et les responsabilités partagés en vue d'améliorer les résultats des élèves.

Le CSBA est composé d'associations provinciales de conseils scolaires et représente les conseils scolaires et les administrateurs dans tout le Canada.

Laurie French

Président

L'Association canadienne des commissions/conseils scolaires est vivement préoccupée de la décision du gouvernement provincial du Manitoba d'éliminer les commissions scolaires élues démocratiquement. Cette décision réduira au silence la voix publique du système d'éducation publique sans pour autant améliorer le rendement des élèves. Les dirigeants syndicaux et les administrateurs scolaires dans les provinces où des changements semblables ont été apportés au cours des dernières années ont parlé de la perte de participation à la prise de décisions-clés, de la perte de représentation des Noirs et des Autochtones minoritaires et du manque de renseignements disponibles pour les parents et les communautés. C'est de la folie de poursuivre dans cette voie.

Le rapport sur l'éducation rédigé pour le gouvernement provincial décrit de multiples impératifs, dont plusieurs partagent les priorités des commissions scolaires. Les commissions scolaires sont engagées envers l'apprentissage et la croissance de tous les élèves dans toutes les communautés. Les impératifs énumérés dans le rapport abordent des objectifs tels que réhausser les capacités des enseignants, renforcer le leadership scolaire, améliorer l'engagement et le bien-être des élèves, et combler l'écart entre les niveaux de rendement des élèves autochtones et non autochtones. Ce sont là des sujets que les commissions scolaires du Manitoba ont identifiés et sur lesquels elles ont travaillé avec le personnel des systèmes scolaires et le gouvernement, ce qui démontre leur capacité à opérer des changements positifs. Il n'y a aucune preuve quant à la façon dont le modèle proposé réalisera ces allégations. En fait, les changements proposés élimineront la forte représentation actuelle des commissaires autochtones et les relations de travail entre les communautés locales et les commissions scolaires, voire l'association provinciale.  

Dans les régions où le gouvernement a éliminé les commissions/conseils scolaires de la majorité linguistique élus démocratiquement pour passer au contrôle centralisé de l'éducation publique, il y a toujours bien peu d'indices de bénéfices considérables pour les élèves, les familles et les communautés. Les conseils consultatifs scolaires sont souvent présentés comme une alternative viable aux commissions/conseils scolaires en refilant au-delà de l'école la responsabilité de rendre des comptes, bien qu'il ne relève pas des conseils consultatifs scolaires d'élaborer des politiques et des procédures qui répondent aux besoins des communautés et des élèves. Ces conseils consultatifs jouent un rôle important pour dispenser des conseils à l'administration de l'école locale. Or, ils n'opèrent pas au niveau des politiques du système et peuvent créer un faux sentiment d'influence aux yeux des familles et des communautés, sans aucun impact concret sur les décisions de gouvernance reflétant les besoins des élèves à l'échelle locale. Certains membres de conseils consultatifs scolaires ont indiqué qu'ils se sont portés volontaires pour appuyer leur école locale et non pour assumer la responsabilité des commissions/conseils scolaires élus démocratiquement. Les administrateurs déjà surchargés ne peuvent entreprendre ce travail communautaire.

Les communautés et les populations déjà à risque ont le plus à perdre dans un système centralisé sans autorité locale authentique. À titre d'exemple concret, les conseils scolaires élus démocratiquement en Nouvelle-Écosse comptaient des conseillers africains et des conseillers mi'kmaq néo-écossais dédiés. Lorsque les conseils scolaires ont été éliminés, ces voix ont été réduites au silence. Le transfert de leur rôle à des conseils consultatifs nommés investis de peu ou pas d'autorité a marginalisé leur voix en matière d'éducation de leurs enfants et leurs jeunes. Tel que l'explique Niigaan Sinclair, éducateur, leader et chroniqueur anishinaabe, dans son récent article, Le projet de loi 64 du gouvernement manitobain, la loi sur la modernisation de l'éducation, constitue un recul de 100 % pour l'éducation autochtone. : " Ce projet de loi fait marche arrière en tentant de retourner à la même idéologie politique et culturelle hiérarchisée et centralisée qui a mené aux problèmes qui confrontent les apprenants autochtones dans le système actuel. De plus, il risque d'anéantir tout ce qui a été fructueux, tel que l'amélioration récente des taux de diplomation et l'apprentissage davantage fondé sur la culture " (le 19 mars 2021, Winnipeg Free Press [traduction libre]). Cette loi présente de sérieux risques pour les communautés rurales du Manitoba, proposant une prise de décisions centralisée sur des enjeux aussi critiques que la fermeture de petites écoles et l'élimination de limites de temps des trajets en autobus scolaire. 

En qualité d'association, nous soutenons pleinement l'examen et la réforme de l'éducation, sous réserve qu'elles soient fondées sur les recherches et qu'elles répondent aux besoins de tous les élèves et de communautés diverses. Le rapport " La réussite de nos enfants : l'avenir du Manitoba "décrit clairement des améliorations plus que nécessaires et présente un examen et une revitalisation réfléchis des commissions scolaires qui sont pleinement réalisables en travaillant en partenariat. Ce modèle collaboratif s'est avéré un succès pour les ministères et les commissions/conseils scolaires dans les régions du pays disposées à travailler en franche collaboration. Nous saluons l'objectif d'améliorer le rendement des élèves et de combler les écarts au sein de populations précises. Toutefois, le gouvernement du Manitoba fait fi des recommandations de la Commission sur l'éducation de la maternelle à la 12e année en matière de gouvernance et de démocratie locale.  

Nous demandons aux Manitobains d'exhorter leur gouvernement provincial à reconsidérer sa décision et à réviser le projet de loi 64 en vue d'y inclure une revitalisation réfléchie des commissions scolaires élues démocratiquement. Tel que l'indique le rapport, il existe des modèles de gouvernance et des soutiens au perfectionnement professionnel qui contribueront au renforcement des commissions scolaires et du rôle qu'elles jouent pour assurer des systèmes publics transparents et responsables. Le ministère serait bien avisé de travailler en partenariat afin de renforcer l'engagement commun et les responsabilités partagées dans le but ultime d'améliorer le rendement des élèves.

L'ACCCS se compose d'associations provinciales de commissions/conseils scolaires et représente les commissions/conseils et les élu.e.s scolaires dans l'ensemble du Canada.

Laurie French

Président